FRACTEUS matrice d'1 identité chaotique quantique / réflexion instable déformée évolutive aléatoire du je en mots / perceptions… MATRICE code source à multiples variables / dimensions connues et inconnues / coefficients espace temps indéterminés / ensemble apparemment ordonné / interface / témoignage… THEO BLAST sujet / terrain / 2 la matrice / je / est 1 / infinité (d') autre(s) / provisoirement définitif & définitivement provisoire…

 


Pendules



Mot d'ordre

Suivre l'errant à la trace tête contre terre
Une ombre de mercure une goutte de phosphore
Ne plus perdre des yeux le sillon amer

Humer le vent familier si loin
Rendre compte du cercle devenu spirale

Transcrire
Transcrire.



Judas

Mort, j'ai croisé ton regard ce soir
Tu étais si occupée, à faucher, faucher
Ames qui volaient de ci de là
Tu ne m'as pas vu, encore

Je me suis approché de ta circonférence
Je t'ai appelée — je t'aimais, te souviens-tu —
Je n'ai rencontré qu'indifférence
Occupée, tu étais, à faucher, faucher

Pourtant, cette fois-ci, je ne jouais plus
Plus de caresses, de frôlements
Je voulais cesser de sourire
Que tu m'emportes

Mais tu m'as dédaigné. Ce n'est pas l'heure
Marmonnais-tu. Quelle heure ?
Ce soir j'étais plein de bonne volonté
Je t'aurais suivie, telle une ombre complice
Récoltant ça et là le fruit de ton labeur

Un jour je retournerai le sablier
Un soir je lancerai les dés
Il faudra bien que tu fauches
Fauches, moi, ton fidèle acolyte.




Au fond…

Souffrance unique respiration de l'âme
A quand la délivrance
Inspiration de calme plat
Expiration de crêtes de vagues
Bien incertains errons-nous seuls avec nos ombres

Alors qu'illusoires les phares clignotent
Un esquif rétif à peine dérive
Préférant à l'amarre et à l'ancre
L'indifférente ondulation des algues

Vents contraires d'une réprobation générale
Un seul être vous parle un écho de voix
Perdu dans la dilatation de l'espace
Un instant récurrent, alternatif en quête
Du coquillage où déposer son empreinte

Sur le sable quelques épaves endormies
Parmi les sillons mourants de l'écume
Dans un coin, enfoui, le trésor et la mémoire
Souffrance en cadenas, double fond
Et la clé au fond d'un gouffre.




Lourd et Lucide

Transposition cadran temporaire
Figuration extase des heures sans ombre
Zéro entre deux infinis
Décalage changement d'horaire

Durée intérieure illimitée
Un rythme bat se débat au fond d'un regard
Fixe. Fixation transition
Mince est le fil entre deux ouvertures
Répit dans l'accalmie soudaine

Dilatation ligne d'horizon
Concentration d'atmosphère
Relents de parfums familiers Pourtant
A la lisière jaillit un souffle neuf

Prolonger ce répit Aspiration éternisante
Avant le déclic la nuit le réveil
Et la reprise de la course folle des aiguilles.




Anonyme (Midi)

Loin des sangs mêlés des cris des luttes
Des paupières refermées
Proche de la lisière la vague éternelle à marée basse

Un œil ouvert sur la frontière
Deux lèvres crispées sur un sourire
Léthargie langueur sérénité dans l'agonie
Quand seul un souffle anime le désir

Le désir autrefois illumine le labyrinthe passions
Multiples qui où irradient des éclairs
Entière se dresse l'ouverture à l'amour autrefois
Respiration rauque des corps glissements râles
Puis l'accalmie ultime la chair se détend
On vit et on joue autrefois sous la soie

Regards troubles autrefois regards fixes maintenant
Vision lucide qui efface les lancements de dés
Toutes les cartes retournées la lumière s'éteint
Tâtonnement
Le silence s'installe le regard qui s'allume
Mais du vide rien du vide un semblant de progrès




Anonyme (Minuit)


Emportée par le mouvement la pendule résonne
Un temps inutile absurde dérisoire
Voué à l'oubli déjà plus de bornes ni de routes
Au cœur palpite le dernier vestige l'identité
Bientôt fissurée accablée par son vertige

Vertige implacable impalpable mais bien là
Fatigue immense le désir n'est plus qu'un mot
Une esquisse de souvenirs périmés
Une ébauche bâtarde au fond d'un tiroir
Seules au centre des miettes de miroirs

Tandis qu'un rire inhumain s'agite infini
Impuissant le dernier des regards s'évapore
Une goutte d'eau parmi la pluie introuvable déjà

Au-delà de l'ultime le néant salvateur
Attente et torpeur.




Manifeste

La marge est infime d'une mort à la folie
Un fil d'équilibriste un rayon de matière
Ainsi pense le somnambule
Au cours d'un voyage interne

Rien n'équivaut la démarche personnelle
Seul l'instant présent — le moment — est réel
Les êtres — amis et repères — faux semblants
De mon confort : alors je suis seul et je pars

Invisibles s'étendent les routes souterraines
Quelques balises guident l'errant
Réminiscences et coïncidences
Là réside l'immobile spirale

Fluorescences le long d'une mélodie nocturne
Des traces murmurent leur témoignage au regard
Dérive avide et pourtant indifférente
Simple question de survie.



Résolution

Attente. Au fond de l'espace un homme accroupi
penche la tête en quête d'un reflet.
Particules poussières fragments décomposés
insignifiances d'un quotidien aboli
nous détournons les yeux
"Plus il nous faut plus profond."

Alors s'amorce la lente descente au gré des anneaux.

La spirale immobile s'enroule autour de son cœur
de vide visions éclairs couleurs
figés dans quelque dédale
inaccessibles effluves
Seul le soupçon nous est permis
alors qu'affleurent les météorites d'oubli
"Loin beaucoup plus loin…"

Péniblement se frayant un passage
au travers de lèvres tuméfiées
la formule d'un désir s'élabore :
Secrète alchimie.




Figuratif

La question est la suivante : "Dessine moi ta vie"
L'enfant au tableau la craie à la main hésite
La question n'est pas facile. Il lui vient l'envie
De tracer une droite à partir de la gauche

Mais il tremble la ligne sera courbe

Il lui vient à l'esprit de tracer une courbe ascendante
Mais trop petit est-il la courbe s'arrêtera

Il lui vient un instinct qui lui murmure “cercle”
Mais par où commencer ça ne rime à rien il renonce

L'enfant au tableau la craie à la main hésite
Derrière il le sent des paires d'yeux le supplient

Optons pour la spirale alors comme un trou noir
Mais vers le haut ou le bas il se le demande

Dessine moi ta vie Dessine moi ta vie Et puis quoi encore

L'enfant prend son élan se colle à la surface
Il dit " Voici ma vie Monsieur l'Inquisiteur
Prenez cette craie tracez mes contours
Découpez un miroir
Incrustez le à l'intérieur du tableau

Voilà ma vie il suffit de regarder ".




Anecdote

Un jour la terre a tremblé
Prophètes en fusion émergeaient tête dressée
Profusion d'étendards de slogans de mots d'ordre

Alors l'Errant s'est éveillé
A balayé d'un geste large ces mondes illusoires
S'est retourné de l'autre côté a repris son rêve

Une nuit les étoiles tombèrent
Météores embrasés engloutis dans les mers
Brasier du noir solitaire dans le ciel

Alors l'Errant s'est levé
A regardé la nuit allumant au passage
Des bougies esquissées

Un soir le feu s'est éteint
L'argile s'est durcie une écorce de glace
A recouvert l'émotion

Alors l'Errant a soufflé sur les cendres
Les projetant en braise sur l'âtre
L'évaporation a eu lieu glace polie du miroir qui sourit

Une aube un crépuscule zone d'entre-deux
Un dieu est tombé un autre a suivi
Leurs corps lourds et rigides creusant sous l'impact
Un sillon infini

Alors l'Errant s'est mis à gravir
Bâton d'étincelles à la main
Le chemin phosphorique.




Post Scriptum

Au détour d'une insomnie la vibration accentue sa cadence
Stridente la plainte s'élève, tournoie, harcèle
A corps perdus à cœur ouvert un homme se disperse

Nuit peuplée des seuls réverbères
Noir environnant et muet
Quelques halos inutiles qui tachent le silence

Un regard livide au carrefour tente bien
De donner consistance aux reflets
Ineptie de la tentative, tentation d'en finir
Une fois à jamais refermer les paupières

Veines tailladées du chef d'orchestre, frêles poignets
Guidant le rythme souverain lié à un fil
Chœur des croque-morts, peints
Sur le rideau qui tombe.




En quête d'une autre atmosphère

sur fond de solitude dorée se convulse le Guetteur en proie à la fièvre

En son pouvoir le phare désormais alternatif
le survivant cherche le fil continu ne trouve qu'énergie en fusion
Impur le dernier homme s'y brûle les membres
Éternellement pourtant s'évertue-t-il à briser le cercle
oublieux du miroir qui enferme sa circonférence dans un infime reflet
dimension des astres immobiles

Le Guetteur en crise de conscience parfois se résigne
ferme les yeux ramène les jambes devant son visage et son front
s'essaie à dormir unique salut du sommeil
Mais point de latence car devant lui la responsabilité de la Chute
Sur fond de mercure se convulse le Guetteur en proie à la fièvre

La pesanteur est telle qu'il se recroqueville sur la paroi de la Tour
un gémissement d'agonie à l'appui Il est seul
il n'est plus question de langage ni de partage
A l'affût d'une communication autre qu'intransitive
sonde-t-il la profondeur de l'ombre

Sur fond d'ébullition sulfureuse se convulse le Guetteur en proie au délire

Partout s'étend l'espace démesuré de ses projections
aussi bien fantasmes délibérés qu'échos d'une réalité antérieure
abolie aux couleurs violentes aux volumes distordus
sous l'effet d'un prisme vengeur implacable
Seule subsiste l'omniprésence du silence le Guetteur la subit
On lui a arraché la langue et les cordes vocales au crépuscule d'une ère barbare

Cet éternel présent désabusé d'avenir saturation de l'instant
insensible à l'espoir le Guetteur se souvient d'un seul mot vidé de son sens : espérance
Autrefois au temps de l'histoire le Guetteur aurait pu se targuer du témoignage
il aurait sans doute pu garder l'illusion d'une marque indélébile
dans la mémoire de son successeur
Mais aujourd'hui il n'a d'autre poète que cette plume qu'il ignore

Sa matière se régénère se renouvelle se perpétue
alors que dans un mouvement perpendiculaire
sa conscience s'alourdit ses sens se décuplent sa tristesse s'éternise
Sur fond de dérive à marée basse se convulse le Guetteur en proie au délire

Il fut un temps où il aurait accédé à la suprême léthargie
sommeil hibernation couperet salvateur de la mort
Il fut un temps où il aurait cessé d'être
où un point final aurait accompli son destin
Pourtant à travers l'histoire il aurait vécu aimé ainsi aurait-il regretté
Aujourd'hui sa lucidité lui interdit tout souhait tout désir
son unique capacité d'avenir se résume dans l'attente d'une fin
Décharné le Guetteur scrute le vide mû par la force d'un geste machinal

AUTOMATE À L'HORLOGE BRISÉE

En quête d'une autre atmosphère
le Guetteur se penche glisse et tombe sur le sol dans un bruit mat
Intense l'implosion intervient
les éléments du vide achèvent de se dissoudre
alors qu'un pantin désarticulé hirsute creuse la terre
Aube d'une nouvelle ère

VAINE LA PLUME SE NOIE DANS SON ENCRE.



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