FRACTEUS matrice d'1 identité chaotique quantique / réflexion instable déformée évolutive aléatoire du je en mots / perceptions… MATRICE code source à multiples variables / dimensions connues et inconnues / coefficients espace temps indéterminés / ensemble apparemment ordonné / interface / témoignage… THEO BLAST sujet / terrain / 2 la matrice / je / est 1 / infinité (d') autre(s) / provisoirement définitif & définitivement provisoire…

 


Le temps des conquêtes [tiré de La Tentation du Silence]



Exil

Les lèvres entrouvertes d'une statue d'opale
Tendent leurs fruits
Aux voyageurs fatigués
Qui cherchaient à fuir

Épousent la forme mille fois sculptée d'un silex
Pantins d'argile !
Mon règne dure le temps d'une aube…
Insectes…

Tandis que l'ombre omniprésente me suit
Crépuscule lucide à l'horizon d'ennui
Je cherche de la géographie de l'âme
La clairière aux pupilles de rosée !

La prêtresse aux bras toujours accueillants
L'encens d'une région de la carte rayée
Et la victime à l'autel sacrifiée
Et le trône vêtu de pourpre du monarque absent

Tandis que je m'abandonne
Aux délices d'une complaisante sauvageonne
Préférant l'ardeur de la pécheresse
A la glace du marbre et sa frigide parure !

En quelque cime le fidèle expiera
Étouffé sous le fardeau de mes fautes
Impuissante sera la prière
A contourner mon exil

Le désir d'un repentir parfois me surprend
J'en frissonne me croyant perdu
Je cours alors oublier dans le vice
Boire d'un âcre breuvage le parfum d'une dérision

A l'ébullition de mes humeurs
Il faut bien une condensation
Compensation des êtres
Que les chiens dévorent les hyènes !
Loup solitaire quant à moi
Je me suis enfui, rebelle et farouche
Aux fins fonds de la terre…

Une vie

Le choix du rêve ainsi fait irrémédiable
J'observe en curieux l'étrange décalage
Entre le réel et ma propre consistance
Sans me douter d'un quelconque aboutissement

Je circonscris l'ennui dans le jour quotidien
Me réservant une part nocturne toujours présente
Ainsi puis-je me plonger dans des conquêtes de sable
Sans craindre ne fut-ce qu'une demi victoire

Je me consacre au présent aux jouissances fugitives
Proclame dans l'instant et oublie la seconde suivante
Vain héraut d'un univers qui se crée par ma parole
Je lutte contre le silence contre ma propre perte
Alors que tout contre je frôle la démence

En caresses tendres l'amadouant
Nommant les choses et les bornes d'un avenir
Derrière les barreaux d'un asile
Je reconnais éveillé mon territoire

A moins d'un déclic d'un éclair de logique
Une courte flamme une brève détonation
A moins d'un trou cendré à la tempe
J'échouerai dans un déguisement de camisole

Contemplant aveugle et muet ces proches qui se désolent
Et puis s'écartent s'espacent et finissent par oublier
Alors je serai mort seule ombre de présence
Un sourire incertain figé sur mon visage.

 

Apocalypse

Incendiaire la flèche suit son vol
Dévoilant par sa fluorescence
D'un horizon phosphorique la circonférence

De ma lucarne oblique je scrute les ténèbres
Et le siège fatidique des logiques et des règles
Invisible je transgresse la pénible frontière
M'insinuant dans la pénombre tel un feu follet

Des portes du monde des cris surgissent
Vains appels à l'océan figé
Des capitales augustes les fronts se couvrent de cendres
Vains repentirs de tentatives en post-scriptum

De ma lucarne muette j'entretiens le feu
Prêt dans mon armure de velours à monter sur le trône
Le sceptre de mon arc à la main tenace veilleur

La bouche orifice trou noir du langage
J'accomplis ma révolution en silence
Pour qu'après tout survive le rien.

Credo

Du temps taciturne j'écoute le bruissement
Mentalement comparant et l'horloge et la mer
Attentif aux cycles et espoirs linéaires
D'avance me désolant des ravages de l'oubli

Calvaires et cimetières se confondent sur les lignes
Ternies de mon front armées de veuves et de morts
Seul témoin de l'histoire je chante le silence
En digne saltimbanque du remède, immortel

Bouffon selon les uns héros pour les autres
Inquiétante cette tour d'ivoire au cœur de l'âme
Je me contente d'être héraut et prophète
Du passé de l'avenir à moi seul réservés

Ainsi je dérange la quiétude des peuples
Imprime en porte-à-faux le calque de mon itinéraire
Bafouant les règles et les normes de l'univers
Pour faire de la matière une argile modelable

D'une lâcheté devant la vie j'ai bâti un royaume
Me sacrant roi au sein d'un peuple anonyme

A la réalité donnée je préfère le réel du songe
Patiemment construisant les donjons et les murs
D'un territoire à quiconque touffu
Et pour moi sans détours balisé

Je règne en seul complice de ma puissance
Étouffant l'ennui sous le jeu et la dérision
Le jour où enfin sera prise la décision
D'abdiquer je briserai le sceptre et déviderai le diadème.

 

Antiquités

Jouer avec le feu ah perpétuelle jouissance
Quand le dé tournoie toupie et arrête en l'air
S'ébroue quand la carte résolue avec fracas s'abat
Un silence avant le soupir ou l'éclat bruyant de joie

Futilités dissonances le long d'une vie
Intermèdes gracieux entrechats de la danse
Complices les spectacles des sens s'entrecroisent
Pour se fondre dans la mémoire du témoin oculaire

Dans l'arène antique trois monstres s'affrontent
Choc des armures souffle des flammes le dragon
Assoiffé de puissance le peuple s'interpose
Pouce baissé pas de grâce pour le vaincu

Ère de conquérants de vainqueurs
Débauches d'énergie pour un sceptre chancelant
Du même coup abolissant la quête des chercheurs
Explorateurs anciens poussiéreux damnés
Que la cendre redevienne ombre.

 

Conte

Ainsi je parcours d'antiques demeures
Inviolées depuis des siècles pudiques au sein du temps
Sous mon masque j'écoute la mélodie
Secrète au trésor perdu aux indéniables rumeurs

Et je guette du parvis le dédale effacé
Sensible aux lumières à leurs jeux alchimiques
Passe-passe endiablé des dessins sur le sol

Où une fois les danseurs imprimèrent en insouciantes spirales
Des arabesques de désir

Maintenant suis-je entré par le seuil de marbre
Dévalant les longs et muets corridors
Regards furtifs aux tapisseries vieillies
Et du silence j'emplis mon cœur béant

Enfin je pénètre dans l'auguste chambre
Ultime obstacle du lit aux draps froissés
Et ouvre la fenêtre grinçante
Dévoilant sous le jour naissant
L'irrévocable dissolution du rêve !

 

Trublion

Si de l'existence je m'exclus sans relâche
Si du réel je m'évade sans détours

Alors aux yeux des hommes je me condamne
Alors aux pieds des dieux je me damne

Encore aurais-je masqué la vacuité
Sous une écorce d'apparat reluisante
Encore me serais-je affublé d'un loup de circonstance
J'aurais contourné l'opprobre consternée

Trublion de l'atmosphère quant à moi j'affiche
L'illusion et ma perte écartelé par la matière
Au supplice du solitaire

Pourtant je m'en contente et chante sans répit
Familier à moi-même je survis.

De pique et de cœur

Les yeux à peine fermés je glissais dans l'ombre
Le sommeil à l'étau lourd enserrant mon front
En diadème
Roi quotidien de la nuit j'émerge enfin et vis

Alors débute mon parcours immobile…
Qui glisse sur les allées aux pétales de rose
L'armée de cartes au garde-à-vous
Devant moi familière défile

Le sceptre brandi la cape à la traîne immense…
Je recouvre d'un voile protecteur
Le territoire de mes luttes antérieures

Je cherchais la reine hésitais entre le pique et le cœur
La foule anxieuse attendait mon jugement
Enfin lançai-je les dés retournai-je la carte
Le cœur oui le cœur à l'éternité acquis !

 

Le Joker

J'incarne le fou et j'attends le sacre
Je guette des autres la craintive reconnaissance
J'espère en secret qu'une auréole viendra ceindre mon front
Pour qu'enfin — transfiguré — je règne sans limites

Météore égaré d'un univers de limbes
Explorateur avide j'entre en contact
Désire l'impact et le souvenir vivace
D'une errance livide au sein du terne et du dérisoire

Honni par les hommes incompris par mes proches
— chacun se rassure à sa manière bien sûr —
Au terme des destinées je détiens l'ultime clé
Au croisement des dédales et des labyrinthes

Ivre de puissance j'attends le signe
Héraldique je suis le messager le seul
Apte à déceler au creux de la matière la spirale salvatrice.

 

Mise au point

Il n'est d'autre dieu que la facette nocturne
En chacun d'entre nous âmes
Successivement tombèrent les astres
Au profit des étincelles
Aboli ce dieu suprême et vengeur et amour
Non par nos seules errances accédons-nous à l'ailleurs

Enchaînés à la parole nous ne pouvons qu'espérer le silence
Cependant nous coupant la langue nous conservons
Le bruissement intérieur amplifié
Ainsi sommes-nous liés à l'autel de nos propres sacrifices

Absurde absurde crieraient les prêtres inutiles
Erreur proclamerait l'église destituée
Ainsi sommes-nous le jouet d'une lucidité déviée
Le fruit d'un rêve éphémère

Mais n'est-ce pas plus important de chercher à vivre
Et de l'existence affirmer l'errance
Préférant — hélas — pour la survie de notre itinéraire
Aux jets de la haine les méandres de l'indifférence.

 

Synopsis

Ultime héritier des prophètes ancestraux
Je nais avec fracas et absorbe le temps
Je m'enivre des passés rougeoyants
Et je jouis dans l'orgasme du présent

Puis je tourne la tête en avant
Étonné je ne découvre que du noir
Alors je comprends que l'absence y règne
Et condamné à prédire le silence
Je me dissous en néant

Accordant ainsi à la terre l'aveugle répit
L'insouciance des espoirs
Les décharges de mots et de promesses
Alors que diagonal flotte un gris étendard.

Le prince

D'un empire de poussières
Le prince déploie la bannière
Il lui tarde tant des vestiges d'une puissance
Retrouver le vertige ! la jouissance !

Le vieux roi aveugle — son père
Est mort dans un silence d'ennuis
Le trône chancèle sur ses appuis
Pouvoir aux intenses courants d'air

Du haut de sa jeunesse le prince est sacré
Par une assemblée de pairs vieillissants
Souverain d'un empire à la Vierge consacré
Innocent héritier d'un règne finissant !

Changé ont les temps changés à l'automne
D'une civilisation de conquêtes
Sur le frontière barbare un clairon entonne
Le chant des invasions et la sinistre fête

A venir orgies rapines et pillages
Vols viols et ravages guerriers
Flétrie la couronne de lauriers
Foulée aux pieds l'autrefois fière bannière…

Ton empire Prince n'est plus que ruines et pierres
Vouées par l'incendie aux ultimes ravages
La flamme des conquérants se trouve dans le sillage
Des braises non des cendres ces mortuaires poussières !


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