Le thème majeur de ce roman, qui aurait pu être un
récit mais qui ne l'est pas, se fonde sur un paradoxe. En
effet, les pages qui vont suivre semblent traiter de l'adolescence.
Or, pour ma part, je suis persuadé que l'adolescence n'existe
pas. L'adolescence n'est que le résultat d'un vaste complot,
qui traverse l'histoire et les civilisations occidentales depuis
avant même les temps médiévaux. Il faut remonter
aux siècles antiques pour trouver une conception saine, et
encore, de cette période de la vie, période vitale
aussi bien que véritable vie, et non pas, comme disait un
Anglais dont le nom m'échappe, "mere existence".
L'adolescence est loisir. En ce sens elle détient un pouvoir
illimité. En effet, qui détient le temps, en dispose
à sa guise, peut tout faire, et surtout s'épanouir.
[Ce n'est pas un
hasard si une majorité humaine hait le temps libre, le dimanche
par exemple et en particulier. Pour elle, "il n'y a rien à
faire, on s'ennuie". Peu me plonge plus dans le désespoir
que cette constatation. En écrivant "désespoir"
j'exagère un tant soit peu puisqu'en fait je me dis "tant
pis pour eux, tant mieux pour moi, j'adore les contrastes et la
majorité me donne d'autant plus de par ses erreurs et ses
errances le sentiment aussi bien que la sensation d'être dans
mon bon droit, et de suivre le chemin le plus fertile, fécond,
en plaisirs, jouissances et intensité d'existence : ce que
je nomme "vie", au sens véritable du terme, le
cœur ou l'âme, ou encore les deux à la fois, comme
vous préférez. La majorité a perdu le temps,
perd son temps ainsi à tourner en rond. Tant pis pour elle
!]
L'adolescence n'existe pas. Il s'agit simplement de cette période
bénie qui est source d'épanouissement et de lucidité
chez un être. C'est le moment par excellence de la sagesse.
Le reste, le monde soi-disant adulte, n'est que faux-semblant et
compromis de toutes sortes. Et si l'on veut rester fidèle
aux exigences de son adolescence, alors oui, la révolte a
un sens. Face à la conjuration. En ce sens, et en ce sens
seulement, l'adolescence est révolte.
La clé est le temps, vous, jeune lecteur, sachez le trouver
et en profiter. Ne tentez pas de dresser des bilans ou d'échafauder
des hypothèses d'avenir, seul le présent compte. Jouissez,
jouissez, tant que vous pouvez, que ces lignes vous y aident seulement
et j'aurai gagné ma place au paradis des passions, l'enfer,
peut-être, ange ou démon, peu m'importe. Vous, lecteur
un peu moins jeune qui avez des responsabilités et autant
de boulets aux pieds, sachez faire des quelques moments libres dont
vous disposez des étincelles qui luisent dans votre nuit,
qu'elles crépitent pour vous y tenir compagnie, en votre
conscience et dans la mémoire de vos proches. Par pitié,
si vous ne donnez pas l'exemple, laissez les autres qui n'auront
pas choisi votre voie vivre en paix…
De l'incandescence
vous conserverez ainsi certain rougeoiement, à tout soleil
son ombre. Midi est encore loin.