FRACTEUS matrice d'1 identité chaotique quantique / réflexion instable déformée évolutive aléatoire du je en mots / perceptions… MATRICE code source à multiples variables / dimensions connues et inconnues / coefficients espace temps indéterminés / ensemble apparemment ordonné / interface / témoignage… THEO BLAST sujet / terrain / 2 la matrice / je / est 1 / infinité (d') autre(s) / provisoirement définitif & définitivement provisoire…

 


La rencontre improbable, suite

 

2.

Alors que la lumière s’éteint, il se détourne de la fenêtre. Il n’a eu que le temps d’apercevoir une silhouette fusant à travers les rideaux, mais cela lui a suffi. Il allume une dernière cigarette en augmentant le volume du poste, le regard un peu vague, entendant les sons mais n’écoutant pas les notes. Il baille, allume la lumière, prend un livre posé sur la table et commence à lire.

Demain ce sera le grand jour, pense-t-il. Je l’aborderai dans la rue, devant la pâtisserie, et je lui avouerai tout. Comme cela je n’aurai plus à m’enfuir, à me cacher… les choses seront ainsi forcées d’évoluer… j’en serai au moins quitte avec ma conscience…

Les lignes tremblent légèrement devant ses yeux. Il a beau les frotter, les lettres se disjoignent, s’écartent les unes des autres dans des directions contraires, pour brusquement rejoindre leur cohorte, leur traîne. Comme s’il ne s’était rien passé.

Il referme le livre, règle le réveil. Il peut voir, de son lit, en biais, la fenêtre en face, trou noir et luisant dans la nuit. Puis il éteint, écrase le mégot, ferme les yeux.

Demain je lui dirai… Ses propres paroles, pensées, s’affaiblissent inexorablement, et il ne peut rien faire pour contrer l’engourdissement. Les chiffres digitaux indiquent 23h32. Il dort.

La nuit s’étend omniprésente, opacifie les réverbères, couvre les rares noctambules d’un voile vaporeux. Une nuit comme les autres que ponctuent les respirations des dormeurs et les souffles éméchés des bistrots. Des taches de lumière dans l’obscurité, lieux où le temps ne fait que passer, sans s’attarder autrement. Aux miaulements se succèdent les cris matinaux des boutiquiers, se hélant amicalement au détour du vrombissement des ordures qu’on enlève. Un peu plus en hauteur une armée lutte contre le jour, contre le réveil, à coups de gémissements, de froncements de sourcils, de renfoncements dans les draps.


© Fracteus, tous droits réservés.
 

suite de La rencontre improbable

  au hasard d'un clic
Fracteus, version 0.0