FRACTEUS matrice d'1 identité chaotique quantique / réflexion instable déformée évolutive aléatoire du je en mots / perceptions… MATRICE code source à multiples variables / dimensions connues et inconnues / coefficients espace temps indéterminés / ensemble apparemment ordonné / interface / témoignage… THEO BLAST sujet / terrain / 2 la matrice / je / est 1 / infinité (d') autre(s) / provisoirement définitif & définitivement provisoire…

 


La rencontre improbable, suite

 

4.

La soirée s’annonce longue. Près d’un feu crépitant, ils sont chacun enfoncés dans de larges fauteuils, les yeux mi-clos, agréablement bercés par le mouvement des flammes et la chaleur des braises. Dehors le vent a cessé de gémir, dedans ne règnent que confort et simplicité.

Tout à coup Alix prend la parole et murmure :

– Combien de temps croyez-vous que cela durera ?

Il se redresse, éberlué, angoissé, terrifié…

– Mais je ne sais pas… Je ne peux pas savoir… pourquoi cette question, à quoi bon ?
– Non, rien, je pensais, c’est tout. Je me demande si ce que nous vivons possède une fin, quelle sera-t-elle, si l’un d’entre nous tombera, raclera le sol ; je me demande si la fin de notre relation ne signifiera pas la mort de l’un d’entre nous…
– Je préfère ne pas y penser…
– Vous devriez, on ne sait jamais. Je sais, ce genre de conversation est on ne peut plus désagréable, mais je ne peux m’empêcher, cette lucidité, vous comprenez…
– J’avoue ne pas très bien…
– Peut-être que la fin ne sera qu’une mort éphémère. Si notre relation s’éteint, il est probable que nous mourrons tous les deux… d’une certaine manière. Une mort affective, pas forcément physique ou biologique. Nous serons morts l’un pour l’autre, mais le tout est que cela doit être réciproque, pour éviter de souffrir.
– Oui, la réciprocité, des deux côtés de l’espoir…
– Ce que je veux à tout prix, c’est éviter de souffrir… et éviter que les autres souffrent à cause de moi… car cela me torturerait. Ce que je crains le plus au monde, c’est ce type de souffrance qui, à la différence physique, qui quant à elle laisse exposées ses limites, cette souffrance affective dont on n’est jamais sûr, jamais assumée jusqu’au bout, cette souffrance qui ne peut être abolie mais seulement estompée, effacée, par le temps, par l’oubli… C’est là que l’on atteint l’intolérable, que l’on s’engouffre sous le pont de la folie, sans garantie d’en jamais ressortir.

Le pont de la folie… Il a le sentiment confus de décrocher, volontairement ou non, il entend les mots, il n’arrive pas à comprendre leur signification, il ne veut pas comprendre.

– Si notre relation meurt, je dis bien si, j’espère que ce sera comme une fleur. Celle-ci se fanera, ses pétales décrépiront, se terniront, iront voler sur le sol, inanimées. Plus tard d’autres pétales prendront la relève, une autre fleur s’épanouira, elle ne sera pas moins belle que l’autre, pas plus non plus… différente, c’est tout, exhalant un autre parfum, apportant sa propre touche de couleur dans le paysage.

Alix parle à voix basse, en un lent murmure, son regard dérive de l’âtre aux bibelots, du tapis aux vitres. Elle se parle à elle-même, il semble, songeuse perdue dans ses projections, explorant sans relâche les méandres des possibles, les fils directeurs de sa lucidité ; elle s’y perd, puis retrouve un semblant de chemin et repart…


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