La morale est à la transcendance ce que le sous-vêtement
est au chapeau.
La morale elle aussi procède d'un besoin de justification,
elle implique à l'intérieur de chacun une notion du
bien et du mal. Or qui dit morale dit aussi hiérarchie de
valeurs, jugement. Qui hiérarchise des valeurs pour lui-même,
qui se juge lui-même, grand bien lui fasse tant qu'il ne fait
de mal à personne. Malheureusement la plupart du temps nous
confondons notre propre morale avec celle des autres, tentant de
leur imposer la nôtre et vice versa.
L'aptitude qu'a chacun de juger les autres, pas même par rapport
à soi-même, est sidérante. Le comble étant
le drame de l'homme qui ne jugerait pas ses semblables, qui semble-t-il
ne prend pas position, et qu'on s'empresse de "juger"
de manque de jugement.
Avoir une morale correspond simplement à avoir une certaine
forme de discipline. Elle ne vaut que par son utilité à
passer notre existence en paix vis-à-vis des autres selon
certains principes d'auto-illusions nécessaires à
l'impression de mouvement. La morale pour soi-même est une
sorte de confort, de refuge aussi, il ne faut pas prendre sa propre
morale au sérieux, seulement reconnaître son utilité
passagère. Il serait très difficile de regarder tous
les jours en face notre statut chaotique. La morale procède
d'un besoin d'ordre.
En revanche toute morale qui s'élèverait au-dessus
d'un individu et d'un seul serait immédiatement suspecte.
En marge :
• On parle
de "morale bien-pensante" mais il y a aussi les principes
de vie selon ce que l'on appelle le vice.
• Il convient de dépasser la notion du bien et du mal
qui s'est essentiellement développée pour organiser
la vie de la cité. Nous vivrions sur une île déserte,
chacun, que notre seule morale serait peut-être l'instinct
de conservation, de survie, et encore je n'en suis pas persuadé.
• Attention aux différences qu'il peut y avoir entre
morale, principes, références, valeurs.